Calais ville autophile : l’avis de Christophe Duffy
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Christophe Duffy

Ci-dessous, la réponse de Christophe Duffy à l’article de La Voix du Nord (Calais récompensée par 40 millions d’automobilistes : qu’en pensez-vous ?) qui invitait les calaisiens à réagir.

Bonjour Monsieur,

Dans votre édition du 13 mars vous relayez le classement par 40 millions d’automobilistes de Calais comme ville « autophile ». Effectivement, c’est indéniable, on roule bien à Calais et le stationnement est aisé.

Cela tient à plusieurs choses qui génèrent des situations contrastées dans les quartiers :

  • Calais et une ville reconstruite et donc pensée pour l’automobile, sauf pour le quartier Saint-Pierre.
  • La politique de la municipalité actuelle qui aura pris le contre-pied total de celle de la précédente en réduisant le stationnement payant à un strict minimum.

Si le constat est indéniable, il importe de mesurer les conséquences :

  • L’hyper-accessibilité automobile dégrade la qualité de vie dans le centre-ville : pollution, bruit, difficultés de stationnement pour les riverains liée à l’entrée dans la ville chaque jour de 11 000 véhicules de personnes venant y travailler mais qui résident à l’extérieur, danger de circulation (Calais est mal placée en statistiques de sécurité routière).
  • Non rentabilité d’équipements publics payés par les calaisiens (comment imaginer que les visiteurs vont aller payer en masse le stationnement au parking des 4B si c’est gratuit tout autour ?)
  • Fuite les classes moyennes qui vont habiter hors de la ville et peuvent revenir y travailler chaque jour sans que cela leur coûte pour le stationnement urbain avec pour conséquences la diminution des ressources fiscales pour la ville et la dépréciation de l’immobilier (périurbanisation facilitée et encouragée = ghettoïsation du centre ville).
  • Perte consécutive de pouvoir d’achat en centre ville avec des magasins qui ferment faute de clients solvables (les premiers clients sont les habitants) et faute de rotation du stationnement (voitures ventouses devant les vitrines).

En conclusion, la ville autophile n’est pas la ville de demain et la politique menée en ce sens par la municipalité va à l’encontre du redressement de Calais, même si elle est « facile à vendre » à la population. C’est de la pure démagogie.

Les premières victimes en sont les calaisiens qui payent seuls les infrastructures et subissent les nuisances liées à cette politique laxiste.

Sans sombrer dans l’excès inverse comme c’était le cas auparavant, on pourrait parfaitement imaginer faire payer le stationnement dans le centre ville pour les non-calaisiens tout en assurant la gratuité aux résidents.

Cette politique inciterait sans doute davantage des gens à revenir habiter en ville (pour économiser le coût du stationnement professionnel) que de leur offrir 4 000 € pour acheter un appartement pour compenser le manque d’attrait d’un cadre de vie urbain dégradé, ce qui coûte encore à l’ensemble de la collectivité.

J’ajoute que cette politique laxiste condamne la ville à produire toujours plus de places de stationnement à grands frais faute d’assurer la rotation de celui-ci. Cet espace public goudronné pourrait être mis à profit autrement et renaturé pour améliorer le cadre de vie. C’est aussi la qualité de ses espaces publics qui rend une ville attrayante.

Il n’y a donc à mes yeux aucune raison de se réjouir de la remise de ce trophée à la ville de Calais. On peut d’ailleurs chaque jour en mesurer les résultats avec par exemple de plus en plus de bouchons aux entrées et sorties de la ville à l’entrée et à la sortie des bureaux (exemple giratoire Salengro).

Mais avoir le courage d’aller contre la facilité est plus difficile que de donner
libre cours à celle-ci dans une posture purement démagogique.

Cordialement,
Christophe Duffy
Conseiller municipal de Calais
Europe Écologie Les Verts Calais et environs

Dans la presse locale :