Interview de Louise Druelle: « À Calais, on ne peut pas laisser la situation pourrir et la population se diviser ! Nous sommes beaucoup de jeunes à penser que la réponse à apporter ne peut pas être plus de grilles, mais au contraire le vivre ensemble, qui nous concerne tous. » « 
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Peux-tu dire qui tu es?

Je suis Louise Druelle, 25 ans, artiste, à Calais, et candidate aux élections législatives, remplaçante de Francis Gest.

Pourquoi te présentes-tu à ces élections ?

Je ne suis pas issue de la politique, je suis artiste, Calaisienne, mais je voulais représenter moi-même mes idées, et aussi essayer de montrer que quand on est jeune on peut s’investir en politique, et essayer de se faire entendre.
Chez Europe Ecologie Les Verts, nous sommes pour une refondation de la démocratie, c’est-à-dire que chacun puisse être entendu et défendre ses idées.
Je veux voir ma voix entendue, parce que l’élite qui nous gouverne ne nous ressemble pas, parce que nos représentants ne nous ressemblent pas…
Il faut refonder la démocratie, il faut que chacun reprenne le pouvoir de décider.
Je me présente parce que j’avais envie de défendre certains sujets qui me sont importants, comme l’écologie, la liberté, l’égalité et la fraternité. Ce sont des valeurs dans lesquelles je me reconnais.

Tu parles d’égalité, de fraternité, peux-tu développer ?

L’égalité , c’est à dire l’égalité entre tous. A Calais, notamment, je pense à la pauvreté. Sur l’égalité, j’aimerais bien dire qu’on n’a pas tous les mêmes chances, dans l’éducation, dans le travail, en fait. Dix pour cent des riches ont des revenus qui ne cessent d’augmenter, alors que la plus grande partie de la société civile galère à trouver des emplois, à accéder à la formation, à l’éducation.
C’est pour ça que je défends aussi la démocratie, pour que chacun ait la capacité d’exprimer ses idées, ses besoins, en fait, que chacun puisse se représenter soi-même et défendre ses droits, face à justement des riches toujours plus riches.

Sur des questions de fraternité, on voit un repli identitaire partout en France, et que forcément sur le terrorisme, je pense que nous sommes beaucoup de jeunes à penser que la réponse à apporter ne peut pas être des mesures sécuritaires, mais au contraire que le vivre ensemble ça nous concerne tous.
Je reviens à la démocratie, c’est pour ça qu’elle est importante, c’est pour réfléchir au vivre ensemble : comment on vit tous dans notre diversité…
Spécialement à Calais, c’est forcément la question de l’immigration qui est très clivante.
Chez Europe Ecologie Les Verts, nous pensons qu’il faut apporter des solutions au problème, et qui ne sont pas plus de grilles, plus de police nous pensons à des solutions, par exemple prendre en compte les préconisations des ONG comme médecins de Monde, et tenir compte de leurs recommandations
Sur la question migratoire, il faut déjà respecter les normes humanitaires et les préconisations d’ONG internationales et des défenseurs des droits, c’est à dire un accès à la nourriture et aux douches, un accès sanitaire.
Pour commencer il faut donner l’accès à la nourriture et aux douches, parce qu’on ne laisse pas des êtres humains dans de telles conditions sanitaires, qui sont dangereuses.
C’est réfléchir à la solidarité entre les territoires, créer un réseau de solidarité local, régional et national, pour que ce poids ne soit pas seulement sur les épaules de Calais, mais dans le respect de la volonté des personnes , donc ce qui implique un accès aux droits, qui doit se faire à Calais, pour que les personnes aient accès à la demande d’asile en France, soit dans des centres d’accueil et d’orientation, si les personnes le veulent, mais ce qui implique aussi la révision des accord de Dublin, et des Dublinages.
Et aussi faciliter le regroupement familial aux personnes qui y sont éligibles, notamment les femmes et les mineurs isolés, qui sont en danger sur notre territoire, et qui ont de la famille, des proches, en Angleterre. Donc, si nous étions élus, je m’engage à aller plaidoyer, et à aller rencontrer les autorités anglaises, à travailler en collaboration et à faire pression pour accueillir les exilés en Angleterre, parce que l’Allemagne accueille huit réfugiés pour mille habitants, la France deux pour mille, et L’Angleterre zéro virgule cinq pour mille. Donc l’Angleterre doit prendre sa part.
Sur le vivre ensemble, également, à Calais , on ne peut pas laisser la situation pourrir et la population se diviser, donc je souhaiterais prendre des mesures qui vont vers le vivre ensemble et qui passent aussi par la culture, par la rencontre et la compréhension de l’autre.
Je pense que ça doit aussi se faire dans (par) l’accès à toute les populations, et notamment les populations qui sont isolées, à l’accès à la culture, à l’accès à des évènements culturels, et au développement culturel des quartiers. Donc, si nous étions élus, nous travaillerions aussi pour les statuts des artistes, de l’entreprenariat, des jeunes.

Es-tu concernée par l’écologie ?

Ce sont les valeurs qui pour moi sont essentielles, c’est-à-dire bien vivre, et aussi vivre – je ne veux pas dire moins cher- mais avoir un coût de la vie qui est plus bas. Je pense à l’alimentation, aux économies d’énergie, avoir des rénovations des bâtiments pour justement économiser l’énergie, les transports propres…
Sur la santé, ça a un impact très important si on consomme mieux, des produits de bonne qualité dont on contrôle la provenance, et c’est aussi l’agro écologie, se nourrir localement, donc c’est faire marcher les producteurs locaux, et des produits de meilleure qualité, et moins chers. Ce sont des idées qu’on pourrait voir appliquer dans toutes les cantines de France, voir des repas qui sont conçus localement, dans des cuisines locales, et qui alimenteraient les cantines, à Calais et les environs.

D’autres sujets que te semblent importants ?

Le tourisme, par exemple. On pourrait, on devrait voir Calais comme une ville accueillante, et un carrefour Européen, et un carrefour, même, international, quand on sait le nombre de passagers qui traversent la ville, et qui pourraient ne venir pas seulement pour consommer à la Cité Europe et dans des centres commerciaux, mais qui pourraient venir dans le centre-ville. Comment est-ce qu’on envisage l’accueil, et une ville qui est ouverte à l’autre.
Je pense qu’on peut favoriser notamment notre population à l’apprentissage des langues étrangères. C’est difficile de penser que beaucoup de jeunes n’ont jamais été en Angleterre, n’ont jamais étés même à Douvres.
Donc je pense qu’il faut vraiment travailler pour que la population puisse s’ouvrir et voyager, et aussi pouvoir travailler à l’étranger.

As-tu personnellement pu étudier ou travailler hors de France ?

Oui, j’ai eu la chance d’étudier en Norvège, grâce aux bourses Erasmus, aux programmes européens, et aussi l’année dernière j’ai eu la chance de travailler 10 mois en Angleterre. Je pense que c’est une chance pour moi, parce que je continue à travailler avec des réseaux européens, et je voudrais que chacun ait la chance de se déplacer. Ça passe par faciliter les transports , par des aux aides aux petites entreprises, en tout cas aux gens qui souhaitent travailler à l’étranger.

En quoi penses-tu que c’est une expérience positive ?

Ce que ça a changé pour moi de travailler à l’étranger, c’est justement de pouvoir parler facilement anglais, de développer mon activité principalement sur internet, de constituer un réseau qui est beaucoup plus large, de travailler avec des anglais , des belges, d’autres personnes, d’être aussi une citoyenne du monde, de travailler avec des personnes qui habitent au Canada, en Australie, aux Etats-Unis.

Vois-tu un rapport avec ton engagement politique ?

Par rapport aussi aux idées que je défends, Europe Ecologie est aussi pour une citoyenneté internationale, et mondiale, et certaines questions sont globales : le réchauffement climatique dépasse largement les frontières. Il y a urgence de travailler en collaboration avec les autres.
Je pense que ça se sont des sujets qui sont accessibles à tous, et que je souhaite accessibles à tous.